Badoit : Changement de tenue


Laissez-moi me présenter. Je suis une bouteille d’eau pétillante. Mais pas n’importe laquelle, une bouteille Badoit. Là tout de suite vous pensez à l’art de vivre à la française, aux moments de convivialité et à la bonne gastronomie. La fameuse bouteille rouge ou verte. Voilà, c’est moi. Elégante, sophistiquée, joyeuse. Celle qui fait pétiller le quotidien de millions de Français. A ma naissance en 1778 dans la petite commune de Saint Galmier, le conseiller du roi Louis XVI en personne me trouvait “stimulante pour l’humeur et l’esprit”. C’est vous dire.

Dernièrement, mon propriétaire Danone a pris une décision radicale, sans me concerter : m’enlever (à moi !) mon identité, ce qui me rendait unique depuis des années : mes couleurs. Vous l’aurez compris, on me force à me dévêtir, on m’ôte mon style pour une tenue transparente. Invisible. Ma belle robe est devenue un simple packaging. Mais alors, comment être vue, remarquée ? Il me reste mes fidèles consommateurs, anonymes et chefs connus. Mais me retrouveront-ils dans ces rayons de grandes surfaces surchargés, sous ces néons peu flatteurs, si je perds mon rouge flamboyant ? Rien n’est moins sûr.

Il me reste mon goût unique et mes bulles de joie, heureusement.

On m’a enfermée dans un nouveau plastique, un rPET. Paraît-il qu’il se recycle mieux, qu’il permet de me transformer en nouvelle bouteille une fois que j’ai été consommée. Etant le produit phare de la marque Badoit depuis plus de deux siècles, j’ai été témoin de changements importants dans l’industrie de l’emballage et de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Alors que la transparence de mon nouvel emballage rPET peut être considérée comme un progrès en matière de durabilité, cela ne résout pas le problème fondamental de la pollution plastique.

Mais concrètement, avec ce remplacement de plastique pour un autre, je suis toujours un objet à usage unique : aussitôt bue, aussitôt jetée. Et si je valais mieux que ça ?

Mon premier consommateur, Louis XVI, ne me dégustait qu’enrobée de verre. Les grands chefs aujourd’hui en font de même. Pourquoi-pas vous ? D’ailleurs, saviez-vous que le verre était recyclable à l’infini, tandis que le plastique ne peut être recyclé qu’un nombre limité de fois avant de devenir inutilisable ?

Les bouteilles en verre sont donc plus durables que les bouteilles en plastique et sont moins susceptibles de se décomposer dans la nature.

Même si mon changement de tenue m’a allégée et la planète aussi (de quelques tonnes de plastique), prendre des mesures concrètes pour devenir plus durable ne pourrait-il pas attirer de nouveaux consommateurs soucieux de l’environnement et contribuer à la lutte contre les changements climatiques ?

MPC Soir 23 – 24
Claire GAUTHIER, Yassir BEN ATAYA, Kossi AMETEPE, Emilie RAILLARD