THE MET UNFRAMED : interface néosensorielle où l’art nourrit l’esprit


Lorsque je me suis retrouvé seul chez moi, étourdi par la chape de silence qui s’était abattue sur New-York, j’avais du mal à m’imaginer quelques mois plus tôt arpentant gaiement les rues, toujours branché sur les dernières modes et actus culturelles. Dans cette ville de tous les possibles, l’impossible s’était réalisé.

Lourdement installé dans le canapé, penché sur mon portable, vidéos, news sur le coronavirus défilent. Info ! THE MET, musée universel nous connectant à l’art des peuples du monde, guide entre passé et présent, est fermé. Muet ! Statues inutiles pétrifiées par le virus, œuvres dénuées de sens sans visiteurs. Inaccessible.

Un bref coup d’œil dans le miroir, je remets en place les mèches bleues de mes cheveux, fantaisie de ces derniers jours, j’arrache la veste du portemanteau et je sors. En partant j’ai attrapé William, petite figurine représentant un hippopotame bleu achetée à la boutique du MET. Je glisse dans ma veste l’amulette protectrice. Dans une poche une vieille figurine égyptienne, dans l’autre mon smartphone, juste équipé de la 5G ! Etonnant mariage d’objets issus de mondes différents, l’un connecté, technologie ultramoderne indispensable à mon univers ; l’autre antique, symbole de culture et d’art, vecteur de sens en son temps.

La ville est oppressante, les passants masqués se croisent, anonymes, inhabituels. L’esprit du virus plane. Assis sur un banc de Central Park, à l’arrière du MET, je navigue sur mon portable pour découvrir le pouvoir de la 5G. Un homme, étrangement paré d’un collier de perles de coquillage tissées, semblable au Wampum amérindien, objet diplomatique porteur de message m’observe.Un chaman, intercesseur entre l’Homme et le monde des Esprits. Il part. Happé par la fatigue, flottant, je retourne entre mes doigts la figurine bleue enfouie dans ma poche.

Je suis un long couloir pressant le pas vers la lumière. Un souffle menaçant me glace. Les murs énormes, épais se ferment sur moi. Je cours, suffoque, essaie d’appeler de l’aide sur mon portable. Je tape sur les touches… Le collier du Chaman apparaît, je le saisis et suis expulsé par la porte du temple égyptien d’Isis! Engagé dans une dimension inédite, la voix rassurante de William, animé par magie, m’immerge dans les galeries du musée désormais inégalé. Jamais je n’avais expérimenté les œuvres de la sorte, vivantes, offrant un supplément d’âme qui m’envahit. Je les touche, je joue avec leur contenu, elles s’animent, je suis en connexion directe avec l’art, mélangeant le message et la matière.

J’ai dû m’assoupir. Je regarde autour de moi, perdu d’avoir quitté cette Autre Réalité AR-tistique. L’espace paraît dilaté comme une extension de mon rêve dans la réalité. Le parc est bondé. J’observe les badauds. Emerveillés, le sourire aux lèvres, ils retournent entre leurs doigts un petit hippopotame bleu. Le Chaman, invité dans notre univers, avait réveillé l’expérience artistique de nos âmes.

Sergio ANDRADE, Sabine LEYGONIE, Farah SMAOUI
Master Marketing et Pratiques Commerciales JB 2022-2023, IAE Paris-Sorbonne